Déménagement et journal de bord écriture pour mai

Déménagement et journal de bord écriture pour mai
Mai, l'éphémère saison des lilas à Montréal.

Dérangement

J'avais quelques heures tôt le matin de notre move, pendant que j'attendais les déménageurs. Puisque mon téléphone était sur le point de mourir (en général, un très bon stratagème pour améliorer sa concentration pour la lecture), j'ai décidé de sortir un livre au hasard des quelques boites qu'on avait déplacées la nuit précédente. Assis.e sur le perron devant mon nouvel immeuble, j'ai donc commencé et terminé Le consentement par Vanessa Springora.

Le livre est aussi concis qu’il est dévastateur. J’en ai vécu des histoires épouvantables, comme tout le monde quoi, et même moi je retrouvais de temps en temps mon vieux réflexe d’enfant de fermer mes yeux en lisant, comme si j’étais au cinéma, pour ne plus « voir » les mots sur la page. Le réflexe n’est pas du tout efficace: derrière mes paupières, les images évoquées se confondaient avec mes propres souvenirs.

Au Québec, on connait surtout l’affaire Matzneff à travers une anecdote de l’année de ma naissance, 1990. C’est bien l’histoire de Denise Bombardier, qui a été brutalement traitée par les médias de petite idiote de province après qu'elle a dénoncé Matzneff à la télé française. Mais c’est une toute autre expérience, à travers Springora, de revivre du point de vue d’une enfant comment Matzneff, écrivain et philosophe célébré encore aujourd’hui, possédait et détruisait sexuellement, spirituellement, l’esprit et le corps de ses (très jeunes) victimes. Histoire lourde, mais qu'il faut continuer à affronter, car le monde tourne encore et toujours autour du patriarcat. J’ai obtenu mon bac en création littéraire en plein milieu d’une crise départementale d’abus sexuels et intellectuels à Concordia qui a chamboulé le début de ma carrière espérée dans les livres. J’ai souvent l’impression que, même si un livre comme Le consentement est possible de nos jours, trop peu sur le terrain a véritablement changé.

Célébrer les 5 ans d'un baiser entre deux femmes à la télé que PERSONNE ne pourra jamais décrire comme « non-romantique » (oui je parle de la finale de She-Ra)

Je n’avais pas vraiment le temps de revisiter cette série en plein milieu de notre déménagement, mais après la sortie du très beau webcomic du créateur Nate Stevenson pour célébrer les 5 ans de la finale, j’ai quand même consacré quelques heures ce soir-là à relire quelques vieilles fanfictions préférées (Don’t Go, anyone?) et revoir trois ou quatre épisodes de la dernière saison. (“Save the Cat” d’ailleurs est un chef-d’oeuvre, wouaow chaque fois que j’entends la musique de cet épisode j’en ai la chair de poule.)

Vraiment, cette finale a été un moment sacré pour nous queers du millénaire. Xena et Sailor Moon ont rampé pour que Catra et Adora puissent se mettre ensemble de manière irrévocablement romantique (No more subtext! No more subtext!) dans la finale de She-Ra

five years by ND Stevenson

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Queer Progress par Tim McCaskell

Pour le bookclub d'un ami – malgré notre déménagement, j'étais déterminéę à ne pas manquer cette semaine – nous avons lu l'excellent Queer Progress (From homophobia to homonationalism) par Tim McCaskell, publié en 2016. Le livre est à la fois mémoire autobiographique et recueil d'histoires sur la communauté gai de Toronto des années 70 à aujourd'hui (bon, 2016, c'est encore aujourd'hui, au moins dans ma tête). Le livre décortique comment la lutte existentielle contre l'homophobie a mené aux campagnes de pinkwashing et d'homonationalisme qu'on confronte partout aujourd'hui. Comme me l'a décrit McCaskell dernièrement: en écrivant Queer Progress, l'auteur a voulu comprendre comment la conversation sur la libération gaie s'est transformée de: « vous n'avez pas le droit de parler ou même de faire allusion à votre vie sexuelle en public » à: « parler de sexe gai en public, c'est valide, mais taisez-vous donc sur la politique. »

Qu'est-ce que je donnerais pour un ouvrage (en français même!?) similaire sur l'histoire gai, lesbienne et trans de Montréal! Est-ce que je connais des elders queers montréalais.es que je pourrais persuader (de force, mais avec beaucoup d'offrandes de thé et d'amour) à en écrire un?

Quelques pensées sur la Fierté et autres observations sur la mi-août
Comment est-ce qu’on est déjà le 18 août? Saperlotte!

En 2021, j'ai abordé quelques petites pensées et dissatisfactions générales sur le pinkwashing et Fierté Montréal. (Ayoye que ça fait bizarre de me relire 4 ans plus tard, je me trouve méga cringe...)

Journal de bord écriture: désorganisation totale

Bon, je savais que je n'allais pas écrire grand-chose en vue de notre déménagement et la montagne russe épuisante de mes petites crises quotidiennes de santé. Si ce n'est pas un problème avec la pharmacie et le transfert de médicaments, c'est tout simplement l'épuisement physique ou mes migraines qui viennent me ruiner la vie. Enfin, ça sonne hyperbolique mais ce n'est malheureusement pas vraiment une exagération.

Mais, croisons nos doigts, maintenant que les parties les plus pressantes du déménagement sont terminées, il est temps de me remettre à l'écriture tous les jours. La semaine dernière, j'étais en train de déballer de vieilles toiles de bateaux, qui m'ont fait pensé au Capitaine Wentworth de Persuasion, et je viens juste de terminer le premier tome de la Passe-miroir (ce lien vers LesLibraires.ca est affilié, donc j'obtiens de petites redevances si vous achetez le livre avec ce lien) et, en plus, je venais de revoir les épisodes les plus romantiques de She-Ra. Ce n'est donc pas entièrement surprenant que le concept enemies to lovers trottait à travers mon esprit, et une idée pour un roman d'amour (... peut-être) m'est venue – que je surnomme Halfmoon pour en parler ici.

En fait, l'idée qui m'est venue n'est pas entièrement nouvelle: je reprends une très vieille histoire que j'avais commencée en 2012. Je l'avais présentée à un de mes profs à Concordia en 2013, d'ailleurs, qui l'avait vraiment détesté (oops). J'ai probablement trop de projets d'écriture en cours pour ajouter un autre projet de roman, mais bon, pas grave. De temps en temps, faut laisser l'inspiration mener.

Le « Why Can't I Hold All These Limes » meme mais avec des projets d'écriture à la place.
Pour ceuzécelles qui ne connaissent pas le meme: KnowYourMeme

À compter d'aujourd'hui, je reprends mon horaire de produire aux quinze jours un billet sur ma pratique d'écriture. Donc, à bientôt. Probablement. Je crois. On verra.