Notes de lecture sur «Transformer ses ruines...» par Catherine Côté

Notes de lecture sur «Transformer ses ruines...» par Catherine Côté
Tout le bordel sur mon bureau. Le recueil est sur mon écran.

Un drôle de petit moment en début avril m'est tombé sur la tête: je ne me souvenais plus de la dernière fois que j'avais lu un poème, en français, écrit après 1900. Wooops. 🫣 Fallait donc corriger ça.

En me promenant virtuellement à travers la section poésie de la BANQ, j'ai trouvé un titre qui m'a donné le sourire: Transformer ses ruines en ombre à paupières en dix étapes faciles, par Catherine Côté. Un gros lot: publié en février 2025, ça fait pas mal plus récent que 1900.

Aperçu de la couverture du recueil de poésie par Catherine Côté.

Les vers libres sont immédiatement attachants, les traits d'esprits vifs. Et on s'attache tout de suite au sujet de la « fière travailleuse autonome » (p. 43), parfumé au 七転び八起き existentiel, de temps à autre consterné, surtout envers soi-même:

Tu pourrais donner des conférences
sur l’autosabotage
Tellement c’est facile de t’réduire en miettes
Te raconter des histoires sur ton inutilité
ton non-talent (p. 20)

C'est lorsque la poétesse se penche sur l'engourdissement ou même la paralysie intérieure (à la Joyce – mes gouts sont bien ancrés) que les poèmes me rentrent dedans. C'est pas souvent que je souhaite mémoriser un poème, la mémorisation étant une tâche pour laquelle je suis particulièrement mal fichu. À la p. 27, un poème sans titre m'a touché, au point que je l'ai transcrit dans mon journal, ma version de mémoriser. J'avais quasiment l'impression de me lire lorsque je m'acharne contre une page blanche ou mon anorexie ou mon perfectionnisme, les émotions me sont tellement familières.

[...] ton cœur est indomptable
pis ton humeur a 16 ans (p. 27)
Lorsqu'on n'est pas doué pour la mémorisation, on s'attache encore plus à la page.

Tout le recueil peut être lu comme étant un long et unique poème. C'est finalement comme ça que je l'ai approché, comme si je lisais Carolyn Forché ou Degrees of Latitude par Laurel Blossom, avec un twist millennial Québ singulièrement résonnant. Disons qu'un nombrilisme trop conscient, parfois un peu gêné, me parle:

Est-ce qu’on peut être altruiste
pis narcissique
en même temps (p. 76)

En tout, cette expérience de choisir un livre au hasard est réussie et je peux me vanter de ma bonne culture. En plus, je garde un œil ouvert pour les prochains bouquins de Catherine Côté, j'ai hâte de lire sa suite.