Quelques notes sur la Tolkien Society Seminar (2021-11-06)

J'ai pris une journée pour assister virtuellement au séminaire de la Tolkien Society sur la traduction et l'illustration des œuvres de Tolkien. Voici ce que j'ai appris:

Quelques notes sur la Tolkien Society Seminar (2021-11-06)

Samedi dernier avait lieu la conférence virtuelle organisée par la Tolkien Society sur la Traduction et l'Illustration de l'œuvre de Tolkien. Ayant beaucoup apprécié les papiers présentés en février (voir mes notes ici), je savais que je ne voulais pas manquer la conférence sur la traduction, et j'ai pu trouver un peu de temps ce weekend dernier entre tous mes projets pour y assister.

→ English plz!

Malgré quelques problèmes de connectivité, la journée a été remplie de présentations très intéressantes. J'ai appris toutes sortes de choses, non seulement sur les diverses interprétations des livres de Tolkien dans le monde, mais aussi sur les nuances et les défis auxquels sont confrontés les traducteurices littéraires et poétiques qui doivent faire face aux archaïsmes et aux reconstructions du philologue, ainsi qu'à ces constructions linguistiques et mythologiques. C'était vraiment une de ces journées trop rares où mes intérêts créatifs se jumellent parfaitement avec ma pratique professionnelle (car je suis moi-même langagièr et écrivainę en herbe)!

Voici quelques moments de la conférence qui ont retenu toute mon attention, dans aucun ordre particulier (je ne peux malheureusement pas associer un horodatage à chaque présentation comme la dernière fois, puisqu'elles n'ont pas encore été téléversées sur la chaîne YouTube de la Tolkien Society):

  • La première conférence d'Eric Reinders sur les différentes traductions chinoises du Seigneur des Anneaux en ce qui concerne la prophétie de Glorfindel (cette fameuse prophétie sur le Roi-Sorcier d'Angmar qui ne peut être abattu par un Homme...) et les personnages de Merry et d'Eowyn. Les choix et les approches des différents traducteurs chinois, ainsi que la manière dont ils ont subtilement mis en valeur différents aspects de l'histoire et de la personnalité d'Eowyn, étaient tout simplement fascinants.
  • Helena Real a partagé avec nous une discussion sur le genre dans les traductions espagnoles (l'utilisation des genres grammaticaux en espagnol étant très rapprochée au français, la discussion a capturé toute mon attention!) était très intéressante. J'ai aussi apprécié l'aperçu de la friction entre l'espagnol péninsulaire et l'espagnol parlé dans le reste du monde, et comment ça a affecté la traduction du Silmarillion. La capture d'écran de la traduction où Illuvatar dit "Y tú, Melkor" restera gravée pour toujours dans la mémoire des traducteuricess et lecteurices hispanophones qui ont suivi la conférence!
  • La discussion de Martha Celis Mendoza et d'Aline Esperanza Maza Vázques sur Roverrandom (une nouvelle de Tolkien qui ne fait pas partie du Legendarium, c'est-à-dire du monde du Seigneur des Anneaux) était vraiment intéressante. Je ne connaissais pas Roverrandom avant ce samedi! De plus, la comparaison effectuée par Aline Esperanza Maza Vázques entre l'histoire de Roverrandom et des anciens récits aztèques du Mexique était absolument captivante, et j'aimerais tellement voir plus de ce genre d'analyse littéraire.
  • Dans le chat, en fin de matinée, on a eu une discussion intéressante sur la difficulté particulière de traduire les noms inventés et parfois reconstruits de Tolkien, évoquant l'anglais ancien, les archaïsmes orthographiques, et le folklore. Les traducteurices littéraires devraient ou pourraient regarder comment les poètes traduisent la poésie pour trouver de l'inspiration sur comment prendre des risques poétiques avec la traduction, afin de créer quelque chose qui respecte les intentions originales de l'auteur tout en formulant quelque chose de nouveau et évocateur.
  • La discussion de Sonali Chunodkar sur la traduction marathi du Seigneur des Anneaux («From the Black Gate to the Krishna Dear : On the Curious Evocative Resonances of Swami Mudrikancha») était fascinante, tant d'un point de vue religieux que culturel que linguistique. Malheureusement, j'ai eu des problèmes techniques pendant les parties les plus importantes, donc c'est une présentation que j'espère revoir au complet une fois que toute la conférence sera mise en ligne.

Comme j'ai écrit sur Twitter pendant la conférence:

En français: « J'aime beaucoup cette présentation par @JoelMerriner sur les influences soviétiques dans certaines illustrations de l'oeuvre de Tolkien à travers le XXème siècle! Comme la plupart des présentations pour le #TolkienSocietySeminar, cette présentation pourrait être le sujet d'un livre en entier! »

  • La présentation de Marie Bretagnolle sur les illustrations des cartes et les traductions françaises du Hobbit et du Seigneur des Anneaux était très bonne, avec toutes sortes de détails très amusants! Par exemple, dans la toute première traduction française des Deux Tours, le premier chapitre, qui s'appelle «The Taming of Sméagol» en anglais, a été traduit par «L'approvisionnement de Sméagol» au lieu de «L'apprivoisement de Sméagol». Très grosse erreur! Dès le premier chapitre! Autre erreur amusante dans une des premières traductions d'une carte dans Le Seigneur des Anneaux: «Hobbits» a été traduit par... «Les lapins»! 🐇 🤣 Ooops. En plus, je trouve extrêmement rigolo l'horreur des anglophones lorsqu'ielles découvrent que les noms Bilbo et Frodo sont orthographiés Bilbon et Frodon dans de nombreuses traductions françaises — y compris celles que j'ai lues dans mon enfance! En attendant que la conférence soit disponible sur la chaîne YouTube de la Tolkien Society, vous pouvez consulter le résumé de l'article de Bretagnolle ici (en anglais seulement).
  • La dernière présentation de la part de Sonja Virta était très intéressante. Dans son papier, elle compare les différences non seulement entre les traductions suédoise et finlandaise du Seigneur des Anneaux (et du Hobbit également), mais aussi de la façon dont les deux traductions ont été abordées. Ces deux approches illuminent des différences culturelles, artistiques, et créatives significatives dans l'activité de la traduction. De plus, étant donné qu'une grande partie du Legendarium de Tolkien s'inspire directement de Beowulf, des Eddas nordiques et de l'épopée légendaire finlandaise du Kalevala, c'était très intéressant de voir comment les traducteurices nordiques ont abordé l'œuvre et les reconstructions mythologiques et linguistiques de Tolkien.

Voilà quelques unes de mes récollections de la conférence! Il y avait d'autres présentations très intéressantes qui méritent absolument d'être examinées, je vous laisse le lien ici pour les consulter à votre aise, en attendant qu'elles soient téléversées sur YouTube.

Merci à toustes les présentateurices et aux organisateurices de la Tolkien Society pour leur travail acharné. J'ai passé un très bon samedi avec vous toustes, et j'attends avec impatience la prochaine conférence!

Namarië

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